8 jours à moto dans le nord du Vietnam

Le bus qui nous emmène à Hanoi est un mini-bus touristique confortable qui nous lâche en plein centre après 2h de trajet. Parfait, nous sommes juste à côté de l’hôtel que nous avons réservé. Nous y allons rapidement, posons nos sacs et ressortons trouver un loueur de scooter/moto.

Hé oui, la visite de Hanoi n’est pas pour tout de suite ! Notre plan actuel est de trouver une moto d’ici la fin d’aprem pour repartir sur la route demain matin et revenir plus tard à Hanoi visiter et faire notre demande de visa chinois. Nous nous rendons ainsi à plusieurs adresses chinées sur internet.

Après explication de notre programme aux différents loueurs, il apparait que nous avons plusieurs choix. Soit louer un scooter semi-automatique (comme d’habitude) mais laisser nos gros sacs à Hanoi car sinon nous serions trop chargés, soit louer deux scooters pour chacun avoir son gros sac à dos chargé à l’arrière, soit louer une moto 125cm3 et ne prendre qu’un seul gros sac (en laissant l’autre ici).

Face à ces possibilités nous sommes perdus… Que faire ? La nuit porte conseil. Nous nous baladons un peu dans la ville avant d’aller diner (pleins de beaux magasins dans lesquels il faudra revenir !) et rentrons nous coucher.

Le lendemain notre choix est fait. Ce sera la moto 125cm3. Déjà parce que nous pouvons être à deux dessus avec un seul sac et ensuite parce qu’elle a l’air plus confortable et plus stable que les scooters. Or, pour une aussi longue boucle avec des journées de 150/200kms en montagne, on préfère !

Voilà le monstre ! (la moto hein…!)

Hanoi – Mai Chau (136 kms)

Nous voilà donc partis !

On ne va pas se mentir, le début est un peu stressant… Qui dit « moto » dit conduite entièrement manuelle (embrayage, vitesses au pied, etc.) et engin plus lourd et plus gros. Autant débuter à la campagne aurait été amusant, autant commencer dans la circulation chaotique de Hanoi est beaucoup moins apaisant… ! Antoine s’en sort plutôt bien malgré un ou deux calage au milieu de carrefours (il ne décroche pas un sourire et de grosses gouttes de stress descendent le long de sa colonne vertébrale !) et nous nous retrouvons rapidement sur une grosse route de sortie de ville sans intérêt. Nous nous arrêtons deux fois pour repositionner les sacs qui ont une fâcheuse tendance à comprimer Julie entre eux et Antoine. Mais une fois le bon sanglage trouvé c’est parfait !

Ce n’est qu’après 2h de route que nous commençons à apprécier les paysages. Nous quittons en effet notre « autoroute » pour nous enfoncer dans la campagne vers notre première halte. Notre GPS semble un peu perdu mais nous trouvons finalement notre route. Nous pouvons même profiter d’une pause pique-nique (vaches qui rit / tomates) très bucolique.

Vue sympa pour la pause pique-nique

Nous arrivons à Mai Chau en fin d’après-midi et trouvons un hôtel convenable où nous poser pour la nuit. Il s’agit d’une toute petite ville sans beaucoup de charme mais les paysages environnants commencent à être beaux. Ça y est, nous sommes sortis des sentiers touristiques !

Vue de rêve entachée des ordures…

Après cette première journée nous avons moins mal au dos mais les fesses en compote ! Et ce ne sont pas les lits (comprendre planches) vietnamiens qui nous aident à récupérer !

Mai Chau – Son La (172 kms)

Le lendemain nous réenfourchons notre bécane vers 9h. Après un petit arrêt en sortie de ville pour petit-déjeuner devant les rizières (grâce à des brioches au chocolat achetées en ville) nous prenons la route vers Son La.

Les paysages se transforment à vue d’œil. Les rizières commencent à s’étager en terrasses, les montagnes se font plus imposantes et nous croisons de plus en plus de femmes en tenues ethniques.

Nous croisons de plus en plus de femmes habillées en tenues traditionnelles

Concernant la moto, celle-ci n’est finalement pas très puissante et galère un peu dans les montées… Il faut avouer que nous terminons les cols à 30km/h en première… ! Par contre niveau confort c’est vrai que l’on sent beaucoup moins les aspérités de la route. Tant mieux ! Nous devons cependant nous arrêter toute les heures pour soulager nos fessiers…

Et bon. Pas de bol pour notre déjeuner, la vache-qui-rit achetée le matin même a tourné (alors que théoriquement encore bonne), les tomates farineuse et le pain rance. Heureusement la carotte était bonne !

Nous arrivons à Son La en début d’aprem, garons la moto devant un coffee-shop et entrons déguster un jus de passion frais et un sundae chocolat ! C’est péché mais c’est bon… vu le déjeuner nous l’avons mérité !

Puis c’est la même rengaine. Nous trouvons un hôtel, posons nos affaires et ressortons diner. Sauf que cette fois nous ne trouvons pas grand-chose… Son La est une ville de taille moyenne mais les boui-bouis ne font vraiment pas envie. Nous nous décidons quand même à nous poser dans l’un d’eux mais au moment de s’assoir, la vue dans les assiettes des voisins d’asticots, de têtes de coqs et d’oreilles de cochons nous font ressortir aussi vite !! Faut quand même pas déconner…

Découragés nous atterrissons par hasard au Lotteria local (sorte de MacDo vietnamien). Parfait !

Son La – Dien Bien Phu (159 kms)

Aujourd’hui destination Dien Bien Phu. Nous avions hésité à pousser aussi loin notre boucle mais nous nous sommes dit que quand même fallait y passer. Pour ceux qui ne sont pas mordus d’histoire, c’est là que le colonialisme français s’est pris une grande claque dans la gueule et que nous avons perdu l’Indochine.

La route qui y mène est de plus en plus belle. Nous montons progressivement en altitude via une succession de petits cols tandis que nous traversons des villages en bois perchés à flanc de coteaux.

Bien souvent les enfants nous saluent avec de grands signes alors que les adultes nous regardent avec un regard interrogatif/amusé.

Petit stand d’ananas ! Très juteux et sucrés !

Quelques kilomètres avant l’arrivée, une petite pluie bien sympathique nous contraint à nous arrêter quelques instants à l’abri d’une station-service. L’employée, extrêmement gentille, nous sort deux petits tabourets pour nous assoir et nous offre deux bouteilles d’eau !

Abri éphémère pendant l’averse

Puis nous arrivons à Dien Bien Phu. Encore une fois il s’agit d’une ville assez laide dont il ne reste pas grand-chose du passé. A part bien sûr l’immense escalier qui mène à l’immense statue de la victoire vietnamienne sur les Français. Le dit-escalier étant payant, nous ne montrons pas admirer cette statue de plus près !

L’hôtel de ce soir est un peu miteux. La propreté n’est pas franchement au rendez-vous, le matelas est dur comme une planche de bois et le prix n’est pas très amical. Le problème c’est que cette semaine c’est les vacances ici aussi et que du coup c’est vite complet et non négociable…

Sur le chemin du diner nous traversons un marché et tombons sur… des passoires à riz laotiennes en bambou ! Nous en cherchions depuis le Laos et n’en avions jamais retrouvé. Il faut dire qu’ici nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière. Ni une, ni deux, nous en achetons trois sans nous poser la question de l’encombrement du transport et continuons notre chemin tout sourire. L’objet en lui-même est assez beau et nous espérons pouvoir les transformer en abat-jours en rentrant. Il y a également des petits tabourets en osier mais là ça fait vraiment gros à trimbaler ! Nous finirons par le regretter puisque nous n’en retrouverons pas à Hanoï…

Tous les soirs à la même heure : gym ! On met la musique et on s’étire !

Pendant le diner nous contemplons les deux petites filles du patron dansant sans retenue sur les chorégraphies du moment !

Dien Bien Phu – Lai Chau (203 kms)

Cette étape est sûrement la plus grosse de notre boucle. Elle devait initialement être divisée en deux plus petites mais nous nous sommes rendu compte la veille que notre point d’arrêt au milieu ne possédait aucune offre d’hébergement… fâcheux !

Nous prenons donc la route tôt le matin pour éviter d’arriver trop tard. La route est dans un premier temps très belle mais devient par la suite un peu monotone tandis qu’on suit une vallée à semi-asséchée par un barrage. Heureusement les derniers kilomètres sont de nouveaux plus intéressants !

Nous croisons de nombreux marchés plus ou moins gros et nous arrêtons dans un sur le parcours, attirés par les couleurs flash des tissus du coin.

Un bébé qui dort se cache sur cette photo !

Arrivés à Lai Chau nous nous mettons en quête d’un hôtel. Entre ceux que ne nous ne trouvons pas et ceux qui sont complets nous commençons à déprimer un peu. Puis nous apercevons au loin dans la ville une enseigne vers laquelle nous nous dirigeons. Ils ont de la place ! Grande chambre propre, c’est parfait !

Comme à notre habitude, nous ressortons diner dans un boui-boui voisin où nous testons des sortes de crêpes porc-crevettes, assis (comme à leur habitude) sur des tabourets taille enfant.

Bon… Antoine n’est pas à son avantage…

Lai Chau – Sapa (81 kms)

L’avantage d’avoir fait une grosse étape la veille, c’est que le trajet du jour est réduit.

La route qui mène à Sapa monte progressivement jusqu’à un gros col d’altitude avant de redescendre vers les rizières. Plus nous montons, plus nous avons froid ! L’air se rafraichit considérablement…

Le col en lui-même marque le début de la zone touristique de Sapa. Une multitude de gargottes sont installées à flanc de montagne pour profiter du point de vue (point de vue limité aux deux mètres en face de nous aujourd’hui…) et des dizaines de voitures et mini-vans commencent à créer des embouteillages.

La redescente vers Sapa est de fait chargée. Nous ne sommes plus seuls et devons composer avec les nombreux autres véhicules conduisant… à l’asiatique (pour rester poli). Des stands à touristes font leur apparition sur le bord de la route, tenus par des femmes en tenues traditionnelles et des enfants qui vendent des chinoiseries de façon vraiment insistante. C’est déprimant surtout après le calme et l’authenticité que nous avons connus ces derniers jours !

A Sapa nous restons bloqués un bon moment dans les embouteillages. Youpi ! Il s’agit d’une petite ville d’altitude, autrefois sûrement mignonne, victime de son succès, surpeuplée de touristes et dont les rues n’ont pas été pensées pour un trafic aussi dense. Nous parvenons tant bien que mal à rejoindre un resto pour le déjeuner avant de vite repartir vers l’auberge réservée la veille.

Celle-ci est à une dizaine de kilomètres en contre-bas de la ville. Pour y aller nous devons payer des droits d’entrée faramineux au « parc », droits qui, parait-il, servent à l’entretien de l’unique route.

Bah voyons.

Depuis que nous sommes en Asie nous avons quand même pas mal roulé. Nous avons pris des routes, des autoroutes, des chemins, des sentiers, des pistes… mais jamais (et heureusement) nous nous étions retrouvés sur un « accès » en si piteux état. Les 10 kms de route sont chaotiques. Nous mettons 45 minutes pour les parcourir, manquant plusieurs fois de se vautrer…

Puis nous arrivons au village. Là des dizaines d’auberges / homestay se sont développées pour accueillir cette masse touristique toujours grandissante. A peine garés (après une belle frayeur de moto qui glisse en arrière dans une montée…), nous sommes ici aussi abordés par des enfants, marchands de toute une série de bibelots faits-main-made-in-china dont certains n’ont même pas 12 ans… Malaise.

L’homestay est quant à elle très sympa ! Nous y rencontrons 6 autres backpackers voyageant plus ou moins longtemps dans le coin et sommes accueillis par une famille très gentille avec laquelle nous partagerons leur diner !

Un pneu, un bout de tissu et hop ! On cale le bébé !

La maison est magnifique (toute en bois et brique) et la vue pas mal du tout ! Nous profitons d’un temps mort entre deux averses pour nous éclipser dans les rizières et profiter des lieux.

Le lendemain nous repartons dès le (super) petit-déjeuner englouti pour notre prochaine étape. Nous aurions aimé rester un peu plus pour aller marcher à la journée à travers ces rizières en terrasses mais il est obligatoire de prendre un guide (cher !) et tout le long des chemins les enfants-marchands t’attendent pour du « shopping ». Du coup, non merci. Nous avons entendu parler d’une vallée voisine aux paysages similaires mais encore préservée du tourisme, nous allons aller voir !

Sapa – Mu Cang Chai (148 kms)

Premier challenge de la journée, se retaper les 10kms de chaos pour remonter sur la route principale. Mais Antoine est devenu un pro de la moto et s’en sort super bien ! Reposé et en montée cette piste est un peu plus facile… Puis nous sommes obligés de remonter au col de la veille pour y attraper notre bifurcation vers Mu Cang Chai.

Le reste de la route est magnifique. Probablement notre plus belle étape de la boucle et une de nos plus belle d’Asie. Nous sommes de nouveau seuls. Les rizières en terrasses se succèdent à l’infini dans le fond de vallée tandis que les coteaux sont occupés par des champs de thé. Nous sommes conquis !

Nous ne roulons pas trop vite pour prendre notre temps et multiplions les pauses photos.

Arrivés à Mu Cang Chai, nous nous arrêtons dans le premier hôtel, convenable, et ressortons marcher. Malheureusement il n’est pas possible de s’engouffrer dans ces paysages magnifiques. Qui dit pas de touristes, dit pas de chemins de rando. Marcher pour le plaisir n’est pas vraiment dans la culture locale… Nous limitons donc notre tour à une visite de la ville, visite pliée en 20 minutes.

Les touristes de l’hôtel sont des vietnamiens en vacances en famille qui nous demandent étonnés pourquoi nous sommes là et comment nous avons entendu parler de cette vallée puisqu’elle n’est pas aussi touristique que Sapa !

Mu Cang Chai – Yen Binh (215 kms)

Aujourd’hui c’est de nouveau une grosse étape. Les possibilités d’hébergement dans cette vallée sont limitées et nous devons pousser jusqu’à Yen Binh pour trouver quelque chose.

Les premières heures de route sont de nouveau magnifiques. Les rizières en terrasse se succèdent dignes des plus belles cartes postales. Puis nous reprenons de l’altitude à travers une forêt de pins avant de passer un col où brouillard et pluie sont de mise. Nous roulons frigorifiés. Sur les mains d’Antoine, accrochées au guidon, du givre se forme. Niveau choc thermique nous sommes servis ! Nous roulons encore plus prudemment que d’habitude en klaxonnant régulièrement pour signaler notre présence.

La route paraît interminable. Au bout de 1h30 nous passons enfin sous la barre nuageuse et retrouvons un peu d’air chaud. Victoire !

Sur la route nous nous arrêtons à Nghia Lo. Cette petite ville nous est parfaitement inconnue mais semble posséder un grand marché dans lequel nous allons jeter un œil. Julie en ressort bien sûr avec 3m de tissu !

Puis, après un très bon déjeuner dans un boui-boui en sortie de ville, nous continuons notre route. Une fois sortis de la vallée les paysages deviennent un peu moins spectaculaires (ou alors nous nous habituons après ces quelques jours !). Nous sommes dans des espaces ouverts où se succèdent rizières et bananiers. Bon… c’est quand même pas mal !

Après 180 kms nous arrivons enfin à Yen Binh. Pas de bol, pas d’hôtels ou alors à l’allure vraiment miteuse… Pareil dans la grosse ville d’avant. Nous nous posons dans un coffee-shop et épluchons internet pour trouver un endroit où dormir. Enfin épluchons… quel que soit le site de réservation, l’offre se limite à trois hébergements. Nous réservons le meilleur rapport qualité-prix et reprenons la moto pour 35kms supplémentaires. Inutile de préciser que nous avons, bien sûr, mal aux fesses.

Nous arrivons ainsi dans un coin très paumé. Il s’agit d’une homestay où nous faisons la connaissance de quatre canadiens fraichement débarqués au Vietnam. Pour le reste, c’est bof bof. La chambre n’a pas été nettoyée (poubelles pleines, miettes partout…) et vu l’isolement du lieu nous sommes contraints de diner avec la famille pour un peu trop cher. Heureusement le repas est bon et l’ambiance également à grands coups de shots d’ « happy water » (comprendre alcool de riz) !

Yen Binh – Hanoï (152 kms)

8ème jour ! Dernière étape ! Et franchement pas la plus folichonne.

La grande majorité des 152 kms qui nous séparent d’Hanoï se font sur une 4 voies moyennement fréquentée. Les paysages sont quant à eux de plus en plus monotones à mesure que nous nous rapprochons de cette gigantesque agglomération.

Jamais trop chargés !

Nous longeons également pendant un bon moment de nombreuses scieries qui produisent des sortes de feuilles de bois dont nous n’avons pas réussi à saisir l’usage…

Les fameuses feuilles de bois

Nous rendons la moto sans soucis et rejoignons notre nouvel hôtel pour reposer un peu nos fessiers !

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