Malgré le coup de stress lorsque nous avons découvert le bus que nous devions prendre pour rejoindre Thakhek, le voyage s’est bien passé. Les couchettes n’étaient pas des plus confortables et la vue depuis celles du bas était plutôt limitée : Julie a eu l’impression de voyager dans un cercueil capitonné mais finalement s’y est vite habituée ! Ne pas dormir et pouvoir se concentrer sur la route a fait que personne n’a été malade sur les 7h de trajet. Et ça, c’est déjà une victoire !
Initialement nous pensions faire seulement 6h de route mais ça, c’était sans compter sur l’inventivité des Laos pour rallonger le trajet… Au bout d’une heure nous n’avions parcouru que 20kms… mais réalisé de nombreux arrêts !
Le plus spectaculaire (et étrange, presque flippant !) a été quand le bus est entré dans l’enceinte gardée d’une importante usine et qu’il s’est dirigé vers le dernier entrepôt. Là, 3 chinois à l’air un peu mafieux sont venus ouvrir les immenses portes métalliques afin que 6 ouvriers en bleu de travail s’activent à transférer des gros sacs de poudre blanche de l’entrepôt au bus tandis que nos sacs à dos sont sortis des soutes pour être entassés sur le toit… !
Nous n’avons aucune idée de combien de kilos ou tonnes ce chargement comptabilise mais tout ce manège dure facilement 40 minutes sous l’œil sévère des patrons.
Ce n’est qu’en quittant l’usine que nous verrons les panneaux « usine de farine de tapioca ». Nous ne sommes donc (a priori) pas chargés d’opium !
Puis à peine 5 minutes plus tard, nous nous arrêtons de nouveau afin de vérifier la pression des pneus (bah oui vu notre poids !) et même changer une roue !
A la pause déjeuner, alors que le stand où nous sommes arrêtés ne propose que des noodles soup, nous demandons tous du riz blanc. Bien qu’en meilleure forme, nos intestins ne sont pas encore complétement remis… Voyant notre repas, un lao ayant sympathisé avec Antonin dans le bus nous offre deux sachets de viande ! (personne ne comprend ici quand on ne mange que du riz…). Autant le premier était correct (sorte de viande de buffle séchée à la sauce barbecue), autant le second était composé d’abats divers en brochettes… et malgré nos efforts pour refuser poliment, nous nous retrouvons contraint de les accepter… Heureusement, nous sommes sauvés par le gong avant d’avoir à les gouter ! Le bus repartant, nous les fourrons dans un sac plastique avec le reste du riz et nous nous en débarrassons discrètement tout en culpabilisant de réagir ainsi à la gentillesse de ce jeune homme.
Une fois à Thakhek, nous sommes accueillis à la gare routière par nos amis canadiens qui nous ont réservé des lits dans leur guesthouse à quelques mètres de là. Nous y posons nos sacs et passons en mode réunion tous ensemble afin de préparer la boucle de Thakhkek : près de 600km à scooter dans la campagne laotienne !
Nous décidons ainsi de partir le lendemain matin (la guesthouse louant des scooters) et de réaliser la boucle en 5 jours afin de prendre notre temps (certains la réalisent en 3 jours). Nous avalons une noodle soup à la gare routière, empaquetons les quelques affaires que nous allons emporter et allons-nous coucher pour prendre des forces.
Sauf que voilà.
Fallait bien que quelque chose ne se passe pas comme prévu… ! Océane est à son tour malade. Après un moment de réflexion nous décidons tous de reporter notre départ au lendemain ce qui nous permet de l’attendre, de se poser et de visiter la ville.
Après une longue marche au soleil pour rejoindre le centre et un coca sur les bords du Mékong, nous rentrons à l’auberge et tentons tant bien que mal de rattraper notre retard sur le blog !
Le soir, diner (une noodle soup pour changer !) avec deux français qui rentrent de la boucle à vélo et qui parcourent le monde de sommets en sommets !
Ca y est c’est le jour du départ !
Aujourd’hui tout le monde est rétabli et nous sommes prêts à enfourcher nos bécanes ! Le patron nous les a préparées la veille, notre départ devrait donc être assez rapide.
Aaaaah la théorie…
Le patron n’est pas là ce matin et la dame de l’auberge, qui ne parle pas un mot d’anglais et, comme la plus part des laos rencontrés jusque-là, ne fait aucun effort de communication, a filé nos scooters à d’autres touristes fraichement débarqués du bus… Rageant ! Il en manque deux que nous devons finalement aller chercher en centre-ville.
Une fois cette broutille réglée, et un pot d’échappement plus ou moins raccroché au scooter de Celia et Baptiste (au Laos il ne faut jamais s’énerver, les choses avancent à leur rythme !), nous partons tous vers l’aventure !
La route et les paysages traversés sont impressionnants… C’est notre deuxième grande claque du voyage ! Ils représentent exactement l’image qu’on se fait de cette partie-là de l’Asie et nous sommes sous le charme. Alors que la première partie de la route est fortement fréquentée par des camions qui rejoignent le Vietnam, le reste du trajet est beaucoup plus calme et agréable.
Sans trop rentrer dans les détails, voici donc les points clés de ces quelques jours !
Notre premier arrêt est pour la visite d’une petite grotte où se trouve un lac reculé aux reflets magiques ! Les dames qui s’occupent de l’entrée de la grotte sont d’une gentillesse non dissimulée et nos regards croisés créent de vrais liens de complicité !
En fin d’après-midi nous garons nos scooters à proximité de cascades et marchons quelques minutes pour découvrir les lieux. C’est en réalité une succession de bassins dans lesquels il est bon de se baigner ! Nous sommes quasi-seuls et deux laos nous montrent d’où sauter sans danger. Il s’agit d’un saut d’environ 6m que courageusement Antoine a osé sauter !
Nous arrivons à Thalang en fin de journée (environ 110kms parcourus aujourd’hui) et trouvons un dortoir. Pour 6 personnes. Et nous sommes 11. Pas de soucis ! Nous rajoutons des matelas au sol et c’est parti pour l’ambiance colonie de vacances !
Le lendemain nous roulons rapidement vers notre prochaine étape et traversons en chemin des paysages totalement différents de la veille.
Anciennement plaine agricole, ce plateau est depuis 2010 transformé en lac en raison de la construction d’un important barrage. Les troncs d’arbres ont subsisté et donne au lieu une ambiance particulière à la fois mystique et inquiétante… !
Arrivés au village de Nakin en fin d’après-midi, certains décident de s’y poser pour la nuit tandis que nous préférons (ainsi que Célia, Baptiste et Antonin) poursuivre vers Konglor (et sa fameuse cave) afin de limiter la prise de scooter demain. Cette dernière portion de route (40kms en plus des 100 déjà parcourus aujourd’hui) est éprouvante car en piteux état mais les paysages à la lumière du soir nous font encore une fois oublier ces petits désagréments !
Nous trouvons ainsi une guesthouse très agréable pour la nuit et allons diner dans un resto non loin où le patron nous accueille torse nu dans un français relatif ! Nous rigolons un peu avec lui avant que les plats n’arrivent, très bons et très copieux !
Ces deux jours de scooter dans la campagne commencent peu à peu à transformer l’image du pays et de ses habitants que nous avions jusque-là. Alors que dans les villes et dans le nord nous avions du mal à obtenir un sourire, nous sommes ici accueillis avec plein de gentillesse. Les enfants nous sourient et nous font des grands signes lors de notre passage ! Nous tombons peu à peu sous le charme !
Pour notre troisième jour de road trip nous nous concentrons sur la grotte de Konglor. Longue de 7.5kms, nous devons nous y engouffrer par bateau équipés de nos frontales ! Ceux restés dormir à Nakin nous rejoignent vers l’heure du déjeuner et nous passons en mode explorateurs !
Les pilotes de ces embarcations de fortune (nous sommes alignés trois par bateau et avons franchement l’impression que ces quelques planches de bois tiennent par l’opération combinée du Saint-Esprit et de Bouddha) connaissant la grotte comme leur poche et nous lancent pleine balle à travers les rochers à fleur d’eau et les dangers cachés ! Etant au cœur de la saison sèche il n’y a pas énormément d’eau et nous raclons le sol assez régulièrement… Nous réussissons même à nous échouer et devons pousser la « pirogue » sur quelques mètres !
Armés de nos frontales, nous découvrons les trésors cachés d’une nature millénaire (oui c’est beau, c’est de moi) qui a façonné ces rochers par une succession de forces impressionnantes ! Tandis que par endroits nous craignons de nous cogner la tête, à d’autres nous découvrons une hauteur sous plafond de près de 100m !
A la sortie de la grotte nous entrons dans une jungle dense et moite avant que l’on nous débarque dans une halte à touristes. Heureusement nous y sommes seuls. A côté des quelques échoppes de chips et coca, des femmes tissent sur de vieux métiers à tisser en bois et nous font découvrir leur savoir. Julie craque devant tant de tissu et s’autorise quelques emplettes sous l’œil comptable d’Antoine qui veille au budget !
Nous rentrons tous dormir à Nakin afin de réduire la route du lendemain. Pour éviter la grande portion de nationale qui termine la boucle pour rentrer à Thakhek, nous préférons faire demi-tour et rentrer tranquillement en deux jours en sens inverse.
Notre quatrième jour est assez calme. Nous enchainons les kilomètres rapidement afin d’arriver tôt à Thalang pour pouvoir profiter du village et des quelques balades autour. Balades qui relèvent plus de l’hypothétique que de la réalité. Nous optons finalement pour une petite marche afin d’observer le coucher du soleil depuis un sommet. Manque de bol, le-dit sommet est orienté plein est et nous empêche d’admirer le coucher du soleil. Ce n’est pas bien grave ! Avec nos bières, cocas et cacahuètes nous profitons quand même de la vue !
Enfin pour ce dernier jour de la loop (oui c’est le terme branché pour dire boucle) nous nous ré-arrêtons aux cascades du premier jour afin de se rafraichir avant le déjeuner. Toujours seuls, nous enchainons les sauts (cette fois Julie aussi franchit le cap !) et profitons du moment. Et que c’est bon !
Pour le déjeuner nous nous arrêtons dans un boui-boui où nous sommes très bien accueillis par un couple adorable qui nous prépare nos noodles soup devant nos yeux ! La cuisine étant (complètement) ouverte, les odeurs remplissent nos narines et nous sommes impatients ! Verdict : délicieux, les meilleures mangées jusqu’ici !
Nous rentrons à Thakhek en fin d’après-midi, enchainons douches, rangement et noodle soups avant de rejoindre la gare routière pour prendre le bus de nuit de 22h pour Paksé !
Petit mot de la fin : cette boucle a été un vrai bonheur ! Tout du long les paysages sont somptueux et les laos rencontrés souriants ! Nous ressortons de là amoureux du Laos !