Le bus qui nous emmène de Thakhek à Pakse est un bus de nuit local. Par « local », il faut comprendre que les sièges sont inclinables (le degré d’inclinaison varie suivant l’état du siège) et l’air conditionné est remplacé par une série de ventilateurs au plafond. Pour nous c’est parfait ! Antoine stresse beaucoup moins dans un environnement comme ça que dans les bus couchettes de l’autre jour !
Nous dormons ainsi une bonne partie du trajet. De nouveau le chauffeur s’arrête régulièrement pour charger ou décharger ses soutes (on a par exemple chargé je ne sais combien de planches de bois à proximité d’une scierie…). C’est donc définitivement normal au Laos !
Bref. Nous arrivons à Pakse vers 4h30. Il est tôt et bien sûr la gare routière n’est pas du tout en centre-ville… 7kms nous en séparent et n’ayant pas du tout envie de les faire à pied, nous décidons de négocier un tuk-tuk.
Prix annoncé : 20 000 kips par personne.
Bah voyons.
Voyant notre refus, le chauffeur accepte (après un long moment) de nous faire le « prix pour les locaux », soit 15 000 kips.
Mais bien sûr.
Finalement nous réussirons à faire descendre le prix à 10 000 par personne !
Arrivés à Paksé nous errons un peu dans la ville le temps que les guesthouses ouvrent leurs portes. Nous en trouvons ainsi une très agréable dans le centre et commençons par aller prendre un bon petit déjeuner français (pains au chocolat, gâteau yaourt citron…) dans un salon de thé non loin. Le reste de la matinée et consacré à une bonne sieste histoire de finir nos nuits !
L’après-midi est quant à elle dédiée à la visite de la ville : temple et vestiges coloniaux bordent le Mékong !
Le but de cette étape étant quand même de partir quelques jours sur la boucle du plateau des Bolovens, il est nécessaire de trouver des scooters.
Nous allons donc voir Yves, dit « Le Belge ». Avec sa femme, Miss Noy, ils gèrent la plus grosse agence de location de scooters de la ville. Le personnage est… intéressant. Déconcertant même. Grand avec un physique en fil de fer, il organise chaque soir une réunion d’information pour les futurs loopers. Son humour noir et son attitude générale provoquent instantanément admiration ou méfiance. Il a des scooters pour nous, c’est l’essentiel ! Son exposé dure assez longtemps et fais un peu peur… Il déconseille de faire la grande boucle, ne semble pas emballé par les paysages et raconte des stops qui ne donnent pas tellement envie… A croire qu’il essaie de diminuer le nombre de touristes sur la loop ! On écoute et on décide de prendre les infos mais surtout de voir par nous même !
Le soir c’est restaurant indien pour tout le monde ! Fini les noodles soup le temps d’un soir !
Le lendemain c’est le départ ! Célia et Baptiste ayant préféré aller directement aux 4000 iles, nous ne sommes plus que 8. Enfourchant nos bécanes (cette fois nous avons opté pour un semi-automatique, moins cher que les automatiques) nous nous arrêtons faire le plein et prenons la route.
Nous commençons par le plus grand marché du Laos. Destiné aux locaux et non aux touristes, cet immense marché regroupe tout. Que ce soit fruits, légumes, viandes, vêtements, chaussures, jouets, tissus… tout est trouvable ici ! Nous y passons une bonne heure à flâner dans les allées, retenant par moment notre respiration devant des « mets » locaux nous provoquant instantanément des hauts le cœur (sorte de grandes poubelles noires remplies de ragoût de poisson fermenté… ou quelque chose comme ça…).
En quittant la ville, nous découvrons des paysages singuliers différents de tout ce qu’on a croisé jusqu’à présent. La terre rouge colore les routes tandis que les plantations de bananiers, de tapioca et de cafeiers se succèdent de part et d’autre !
Nous roulons ainsi près de deux heures emplis de liberté !
Pour la nuit nous nous arrêtons à Tad Lo, dans une guesthouse tenue par un français. Nous y passons l’après-midi à nous prélasser dans les hamacs et allons découvrir une cascade non loin.
Sur le chemin du retour nous rencontrons également deux éléphants ! Ceux-ci sont malheureusement enchainés à un arbre et servent à faire des balades pour touristes… Triste. Culpabilisant de leur condition nous leur offrons une série de bananes qu’ils dévorent rapidement !
La boucle des Bolovens est divisée en deux options : la petite boucle (2-3 jours) ou la grande boucle (3-4 jours). Initialement nous avions prévu de réaliser la petite tandis que les autres partaient sur la grande. Pourquoi la petite ? Parce que Antoine était un peu fatigué de conduire (vu l’état des routes il faut être vigilent non-stop) et que nous avions mal aux fesses !
Mais finalement, convaincus par les autres, nous nous engageons à leur suite sur la grande boucle. La suite nous montrera que nous avons bien fait !
Nous commençons la journée par une petite baignade dans une autre cascade non loin. Il fait déjà chaud et la fraicheur de l’eau est la bienvenue !
Quelques temps après avoir repris la route nous nous arrêtons dans une ferme bio-éthique afin d’en apprendre un peu plus sur les cultures locales. C’est l’heure du déjeuner et les travailleurs sont en pause : nous faisons donc la visite nous même ! Avec un petit carnet en français très bien fait Julie joue la guide et adore ça ! Ici on cultive le poivre, le thé, le murier pour la croissance de vers à soie, la spiruline, l’hibiscus et même le Sacha Inchi (sorte de cacahuète d’Amérique du Sud).
Le reste de la journée est sur la route. De nouveau les paysages rouges, ocres et verts se succèdent harmonieusement !
Pour notre deuxième nuit nous optons pour un camping ! 1 mois et demi en Asie et première fois en camping ! Les tentes sont installées sur des plateformes surélevées dans un cadre enchanteur. Une petite cascade (oui le plateau des Bolovens est réputé pour ses très nombreuses cascades) coule au pied et nous nous empressons d’aller voir de plus près et restons jusqu’à la nuit tombée.
Nous retrouvons au fond du sac le jeu de tarot ! La soirée s’annonce donc bien !
Troisième et dernier jour de la boucle. Nous sommes à l’autre bout par rapport à Paksé mais avons prévu de bien rouler aujourd’hui pour y passer la nuit.
Nous commençons par les cascades Tad Tayicsua. Il s’agit en réalité de 7 cascades accessibles par une rando de quelques heures. Ayant entendu plusieurs histoires d’agressions et d’insécurité sur cette partie de la boucle, nous décidons de rouler bien groupés et sommes rejoints par deux autres scooters. Notre gros groupe a du faire peur aux méchants car nous n’avons croisé personne !
Sur les 7 cascades nous n’en verrons que 4. Le chemin est physiquement éprouvant (ça monte et ça descend tout le temps !) et nous commençons à avoir notre dose de chutes d’eau. Laos « pays du million d’éléphants » je ne sais pas mais « pays du million de cascades » sans aucun doute !!
Les lieux sont magiques et nous découvrons certaines des plus belles chutes d’eau du pays !
Rien que pour ça nous sommes contents d’avoir craqué pour la grande boucle. Ça valait vraiment le coût !
Vient ensuite l’heure du déjeuner ! (ça faisait longtemps…) Nous reprenons la route et nous arrêtons dans un petit boui-boui local. Nous avons un peu de mal à nous faire comprendre sur les noodles soup végétariens (no meat, no meat !) mais finalement allons nous assoir en attendant nos assiettes.
Et en effet nous attendons.
Longtemps.
Au bout de 40 minutes (généralement les noodles soup arrivent en 10 minutes maximum) et voyant que la cuisinière était assise en train de manger (elle !), nous nous manifestons à la serveuse qui nous répond avec un grand sourire « no ».
What ?
Alors que nous pensions nous être fait comprendre, il s’avère en fait que personne n’est en train de nous cuisiner quoi que ce soit ! Antoine est assez énervé de cette situation… « Non mais sérieux, assis dans leur resto ils pensaient quoi… ? Qu’on attendait le messie ? ».
Nous reprenons la route dans l’espoir de trouver notre bonheur un peu plus loin.
Ce qui fut le cas ! Un lao tout sourire nous accueille et nous apporte rapidement nos soupes (bon avec des nouilles industrielles mais tant pis !). C’est bon et copieux ! Par contre au moment de payer, on se fait bien avoir… Le prix annoncé est le double de ce qu’on a payé jusqu’à présent ! Pas moyen de négocier, nous payons résignés et repartons vite fait de là.
L’après-midi passe rapidement. La route étant en bon état général nous roulons vite vers Paksé en s’arrêtant deux fois pour d’ultimes cascades. La première, réputée plus belle cascade du Laos, nous laisse perplexe (oui c’est beau mais beaucoup de touristes, cher et pas non plus si impressionnante) tandis que la seconde est beaucoup plus sympa !
Nous rentrons ensuite de nuit à Paksé en roulant doucement afin d’éviter de gober trop de moucherons…
Nous avions réservé la même guesthouse qu’en arrivant. Seulement voilà. Vu que sur internet les prix sont plus chers, les gérants n’ont pas hésité à annuler notre réservation pour favoriser d’autres clients…
Bonne surprise quand il est 19h30 et que tu rentres crevé de ta journée !
Heureusement les canadiens étaient arrivés un peu avant nous et nous avaient dégoté une chambre un peu plus loin. Nous sommes sauvés ! Pour nous réconforter nous retournons diner dans notre cher restaurant indien ! Et c’est trop bon !!
Nous achetons nos billets pour rejoindre demain matin les 4000 iles, passons voir Baptiste et Célia qui en rentrent et partent demain à Bangkok et allons nous coucher.
En rentrant à l’auberge nous retrouvons du Wi-Fi et découvrons avec un immense plaisir un message de Laura qui a accouché ! Antoine est comme un fou ! Nous envisageons une demi-seconde de faire l’aller-retour en A380 pour passer faire un bisou à la maternité et rencontrer officiellement la petite Ella mais bon… ce ne serait pas très écologique ! (et on ne parle même pas du budget…)
Nous sommes lundi 18 février, il est 8h20 et nous montons dans le mini-bus pour le sud !
